Tels des médecins accoucheurs, les responsables de L’AAPPMA de Lepuix-Gy prélèvent les œufs de truites sur des géniteurs sauvages. Mis en écloserie à l’abri des prédateurs, ces œufs deviendront de superbes farios.
Chaque année lorsque l’automne touche à sa fin, que la température de l’eau des rivières baisse d’une façon significative et que son taux d’oxygène remonte, les bassins d’élevage de l’AAPPMA de Lepuix-Gy connaissent une belle animation.
Un passage dans le cycle des saisons qui coïncide généralement avec l’arrivée de la dernière pleine lune du solstice d’automne. Le moment est venu pour les belles farios qui peuplent les rivières de première catégorie de débuter leur balai amoureux. Le moment de la reproduction est arrivé. Des instants privilégiés pour qui sait observer discrètement les dames truites creusant le sable des rivières afin d’y déposer leurs œufs et les batailles que se livrent les mâles pour savoir qui aura le droit de venir compléter ce don de la vie aquatique.
Ce moment de pure nature est aussi celui choisi par le président Bernard Demeusy et son équipe pour faire accoucher les géniteurs prélevés dans la Savoureuse et ses affluents lors des dernières parties de pêche de la saison. « Nous les transvasons nos prises dans nos bassins plutôt que de les mettre dans un plat », explique le président Bernard Demeusy.
1500 à 4000 œufs par poisson
Le chalet qui borde les pièces d’eau est alors transformé en salle d’accouchement où les responsables se livrent à une manipulation aux limites du scientifique. Des gestes précis qui débutent avec la capture en douceur des truites mise en réserve et leur introduction dans un mélange d’eau et d’anesthésiant. C’est alors qu’arrive le moment crucial. Une petite minute au cours de laquelle ces spécialistes poussent lentement mais sûrement les œufs des femelles vers la sortie. Entre 1500 et 4000 petites billes roses (suivant le poids de la truite) de 4 à 5 mm de diamètre dont très peu atteindront l’âge de se reproduire. Mêmes manipulation et gestes pour les mâles desquels est évacuée la laitance indispensable à la fécondation.
Signe d’un certain professionnalisme acquis lors des années de pratique, les femelles détectées comme « non à terme » sont soigneusement remises en rivière après un traitement d’hygiène sécuritaire. Ces belles dames conservent alors la possibilité de donner la vie d’une façon naturelle quand il leur plaira ou plutôt quand la nature le voudra. Quels motifs poussent donc les responsables à une telle pratique ?
« Nos cours d’eau sont souvent mis à mal par la sécheresse. Notre idée a été de les rempoissonner avec des poissons de souche. Nous avons appris comment il fallait procéder et ce travail a pu être réalisé grâce au concours de la DDA que nous remercions », affirme Bernard Demeusy. Quand au taux de réussite ; « La ponte de cette année nous laisse de bons espoirs. Nous avons obtenu environ 20000 œufs. Leur fécondation est réussie. Il nous reste à attendre l’éclosion », poursuit le président. Une quarantaine de jours de patience suivant la température de l’eau. Le président tient encore à préciser : « Nous faisons cela uniquement pour les besoins de l’AAPPMA, en dehors de tout esprit de concurrence avec les pisciculteurs ».
De quoi faire rêver plus d’un pêcheur de voir un jour une de ces belles dames à la robe mouchetée de rouge livrer son dernier combat au bout d’une gaule.
Sources
http://www.lepays.fr/article/lepuix-gy-quand-les-pecheurs-font-pondre-les-truites---477700?symfony=66c24881a0b915da71e62a3a52eeaa42