Les pêcheurs, par ailleurs citoyens, constatent la dégradation de la qualité des eaux. La Saône n'y échappe pas. Ce qui inquiète et suscite, parfois, quelques questions.
Chez les pêcheurs, la vigilance est de mise. Eux qui sont les plus à même de témoigner de l'état des rivières et des fleuves sont souvent les premiers à alerter les associations de pêche ou les pouvoirs publics lorsqu'il y a soupçon de pollution. Yves Colard, domicilié à Aubigny-en-Plaine, en plein Val de Saône, est de ceux-là.
« J'étais pêcheur jusqu'à l'année dernière. Mais payer une cotisation de 70 euros pour ne plus manger de poisson, ce n'est plus la peine. » Le mot est dur, le constat évident. Les poissons de la Saône, aujourd'hui, sont-ils propres à la consommation ? A cette question qui peut faire débat, il y a le principe de précaution. A fortiori lorsque la préfecture du Rhône émet jeudi une interdiction de consommer des poissons provenant de la Saône (entre le barrage de Dracé, dans le Rhône, au sud de Mâcon, et Lyon, pour une pollution aux PCB).
Reste qu'Yves Colard est inquiet. Et depuis plusieurs années. « A Saint-Usage, il y a une plateforme de descente des bateaux et où l'on pêche. Et il y a une sortie où ça coule tout rouge, régulièrement. Ça fait au moins quatre ans. »
« J'aimerais savoir ce qui se passe »
Vendredi après-midi, il suffisait de se rendre sur place pour constater le phénomène. Selon l'ancien pêcheur, ce rejet proviendrait de l'usine SPTP, anciennement Unalit, entreprise spécialisée dans la transformation de bois et la réalisation de panneaux dits écologiques (les salariés sont depuis hier au chômage technique pour huit jours en raison d'un carnet de commandes amoindri, ndlr).
« Je pense qu'il y a des prélèvements à faire. Ma démarche est simple : j'en ai marre de voir la Saône se dégrader et j'aimerais savoir ce qui se passe », avoue Yves Colard.
A cette interrogation, le maire de Saint-Usage et conseiller général du canton apporte une première réponse. « Depuis des années, il y a des contrôles et les analyses disent qu'il n'y a rien. La gendarmerie et la société de pêche ont déjà effectué des relevés. » Roger Ganée, élu depuis 2001 à Saint-Usage, précise par ailleurs que l'usine SPTP est obligée de respecter des normes très strictes en matière de protection de l'environnement via notamment le « certificat de qualité alimentaire ».
De son côté, le directeur du site, Rénald Rosier, a affirmé vendredi par téléphone « se rendre sur place pour voir » ce qu'il en était.
Au final, qu'il y ait pollution ou pas, le rôle des pêcheurs s'avère primordial. Un rôle à rattacher à celui des pouvoirs publics. Néanmoins, les pêcheurs, qui sont aussi des citoyens, peuvent de leur côté effectuer des prélèvements et les faire analyser par un laboratoire indépendant. Une autre façon de lever le doute.
Emmanuel HASLE
source:
http://www.bienpublic.com/actu/region/20090215.BPA1434.html