Bonjour
Encore un peu de lecture sur ce mystérieux poisson
uite:Un poisson encore mystérieux.
*Les "Pacifique" ne survivent pas à l'acte nuptial.
Né dans les eaux bouillonnantes de l'Ouest américain, le saumon prend poids et force sur les frayères où ses parents ont vécu le plus court des romans d'amour.
Une idylle sans lendemain.
Puis l'enfant saumon se laisse entraîner vers les zones pélagiques de l'Océan où il se gavera de plancton, de pertits maquereaux, d'anchoix et de crevettes, son plat favori.
Il résidera en eau salée plusieurs années.
Chez les king, une classification inexpliquée s'établit entre les différents groupes qui vont séjourner dans l'océan: de trois à sept années, formant des groupes homogènes hiérarchisés entre eux par le poids.
Chaque année un clan d'âge est dominant.
A la fin d'un printemps, porté par une force irrésistible, le saumon quitte la sécurité de l'Océan pour entamer un grand voyage.
Son avanture anadrome comportera bien des périls.
Beaucoup de saumons ne parviendront pas à la frayère nuptiale.
Certains se fracasseront sur les murs rocheux enserrant les cascades, d'autres seront capturés par le déprédateur humain, cueillis par les griffes de l'ours, ou tout banalement seront bloqués dans un maigre (Eau peu profonde) et mourront aphyxiés.
Vague après vague, laissant blessés et morts, les grands saumons atteindront la "frayère promise" après un voyage sans pardon.
Différent de son homologue "Atlantique", le Pacifique" ne saute que rarement pour progresser ou se débarrasser des parasites: il marsouine.
Arrivée sur les lieux de reproduction, la femelle creuse un large trou circulaire de plus d'un mètre de large et de trente centimètres de profondeur.
Elle commence aussitôt la ponte des oeufs.
Cette éjection pourra durer une semaine.
Le mâle se tient à ses côtés et éjacule au fur et à mesure sa semence pour féconder les oeufs.
Un "Jack" est toujours à l'affût, prêt à la suppléer.
C'est un personnage de comédie que ce Jack.
Un véritable gigolo des grandes amours.
Ainsi, en période de frai, les adultes sont flanqués de jeunes mâles de quelques livres.
Ce sont les "Jack". Si les adultes ne sont pas assez nombreux ou s'ils sont épuisés par la pratique intensive de la polygamie, le "Jack suppléant" se mêle à la reproduction pour assurer la fertilité de toutes les femelles insatisfaites.
Dès l'acte nuptial terminé, les femelles, bonne ménagère, recouvre les deux mille cinq cent à quatre mille oeufs fécondés en agitant le gravier en amont de la frayère.
Les saumons du Pacifique ne connaîtront pas d'autres idylles.
La fin sera atroce.
Un quinzaine de jours après la fécondation, les amants tragiques seront atteint d'une sorte de cancer.
Tout au long d'une longue agonie hachée de soubresauts dont l'ampleur diminue progressivemet, leur corps, si magnifiques quelques jours auparavant, se décomposeront.
Ils vont pourrir vivants.
Les carcasses informes seront recueillies par les ours qui les enterreront pour approvisionner leur hivernage.
Ou bien échoueront-elles au fond d'un pool pour assurer la nourriture des petits alevins qui vont éclore après la mort de leurs ascendants.
Le cycle sera bouclé: rizn ne se perd, rien ne se crée.
Un an, deux ans plus tard, le jeune saumon amorcera sa migration catadrome pour aller, lui aussi se préparer au grand retour.
Cette fatalité qui pèse sur le saumon du Pacifique: il naît, grandit, part, se développe, revient, aime et meurt aussitôt.
*Un lunatique, le "salmo salar", roi de nos eaux.
En France, en Europe, et dans l'Atlantique en général, à la fin de l'hiver, des drogués halieutiques, poètes et sportifs à la fois, commencent leur pélerinage rituel vers les belles rivières d'eau vivante.
Ils n'ont pas d'âge si ce n'est celui de l'espoir.
Vous les retrouverez jusqu'en octobre à Navarrenx, à Brioude, en Bretagne
ou en Norvège; sur la Conway ou sur la Dee, sur la Laxa d'Islande, ou à Natachquam au Labrador.
Ils lanceront douze heures par jour, plongés dans l'eau glacée jusqu'à mi-ventre bravant sans même y penser la neige, la pluie, le soleil et surtout le vent.
Ils connaîtront la noire bredouille ou le succès flatteur.
Ils seront assez fous pour être heureux.
Qui fait courir tous ces fanatiques dont certains dépenseront toutes leurs économies personnelles d'une pour financer cette avanture ?
C'est le salmo salar (synonymes: salmo hamatus, salmo salmo, truite salar)
le roi des fleuves qui, ne sera peut-être pas au rendez-vous.
Cette créature aux lignes parfaites se distingue de la truite par la taille et la bordure concave de sa queue.
Sa tête, petite, n'est que le sixième de sa longueur.
Le premier arc branchial comporte dix-huit à vingt-deux branchiospines.
En mer, sa robe est gris-vert, ses flancs sont argentés et son ventre est blanc.
Il va rosir en eau douce, et devenir un peu un "saumon rouge".
Son corps présente des marques noires, aux contours en étoiles.
Sa nageoire caudale, aux extrémités rigides, est très développée.
Sur la partie postérieure du dos est fixée une petite nageoire souple, puis une dorsale au centre, triangulaire et dentellée.
L'anale est située sur la partie inférieure, nettement séparée de la caudale
Du milieu du corps partent les deux nageoires ventrales qui servent aussi de point d'appui lorsque le saumon repose.
Les deux pectorales sont situées juste derrière les branchies.
Ainsi le saumon est remarquablement équipé pour affronter les courants les plus rapides.
Sa taille peut largement dépassé le mètre.
Son poids est souvent augmenté par la vantardise et l'imagination.
Certains pêcheurs nous ont affirmés avoir pris en Norvège des "bestiaux" de plus de soixante livres.
Peut-être...L'auteur de ces lignes en a vu un de cinquante-six livres capturé en 1970 dans la rivière Jupiter à Anticosti (île au milieu du Saint-Laurent (Canada).
Comme une jolie femme, il n'avait plus la ligne.
kim