http://www.one-voice.fr/Du fait du déclin des ressources marines, l’aquaculture voit aujourd’hui sa production s’envoler. One Voice s’oppose aux élevages intensifs et dénonce les conséquences de ces systèmes non durables sur l’environnement.
L’aquaculture, seul moyen de combler le « déficit de poisson » ?
L’aquaculture représente l’ensemble des activités de production animales ou végétale en milieu aquatique. Elle devient aujourd’hui une sérieuse alternative à la pression de pêche sur les espèces sauvages et est le secteur alimentaire qui connaît la plus forte croissance depuis les années 70.
La FAO publie que le secteur aquacole a vu sa production mondiale passer de 2 à 51 millions de tonnes en 50 ans ! Cependant, le développement soudain de ces élevages n’est pas toujours réalisé de manière durable et engendre des graves troubles environnementaux.
Une demande toujours plus grande
Selon le CNRS, aujourd’hui, près de la moitié de tout le poisson consommé par l’espèce humaine (48 millions de tonnes) provient de fermes piscicoles, principalement en eau douce.
D’ici à 2030, avec une croissance démographique augmentée de 2 milliards d’êtres, l’aquaculture devra produire près du double, soit 85 millions de tonnes de poisson par an, pour conserver les niveaux actuels de consommation par habitant. Comment fournir autant ?
La révolution bleue
Le développement de l’aquaculture en Asie et en Amérique du Sud, connu sous le nom de « blue revolution », se traduit par une multiplication de bassins et infrastructures où sont élevés poissons et crevettes aux dépends de nombreux écosystèmes comme les mangroves.
Près d’un quart des mangroves de la planète ont déjà été sacrifiées au profit de zones d’élevages ! Ces forêts marines sont pourtant des écosystèmes exceptionnels qui font partie des plus riches et des plus productifs de la planète et qui jouent un rôle majeur pour le cycle d’espèces sauvages.
A l’échelle planétaire, plus de la moitié des zones de mangroves a déjà disparu.
Le poisson qui se mord la queue
Pour nourrir les élevages, la production aquacole intensive s’appuie sur l’utilisation d’aliments composés principalement de farines et d’huiles…de poissons ! Paradoxe ultime, les élevages censés diminuer la pression de pêche sur les espèces sauvages contribuent en fait au pillage des océans pour se fournir en espèces à faible valeur commerciale, aussi appelées « poissons déchets » dont l’approvisionnement devient à son tour limité.
Des pollutions écologiques amorcées
Les bassins sont le plus souvent installés en mer ou proche des rivières. Lorsque les poissons d’élevages s’échappent, cela provoque des fertilisations avec les espèces sauvages, véritables pollutions génétiques, avec comme corollaire une perte de la diversité biologique.
De plus, en France, la plupart des 30 espèces élevées sont étrangères à leur lieu d’élevage, provoquant des introductions souvent aux dépends des espèces locales.
Autre source de pollution, la dispersion des déchets nutritifs des élevages provoque une accumulation de matière organique ayant comme conséquence un appauvrissement local en oxygène donc un déséquilibre de l’environnement…
Risques sanitaires
Comme pour toute concentration d’animaux, le risque de maladie est accru dans les fermes du fait de la proximité des poissons entassés dans les bassins. Mais le risque sanitaire concerne aussi les espèces sauvages, moins résistantes, qui peuvent contracter les virus et les maladies des espèces élevées à proximité.
L’utilisation d’OGM au sein de ces élevages constitue aussi une source de controverse qui n’a jamais été légiférée.
Conséquences sociales
Les compagnies étrangères qui installent les fermes ont dévasté les mangroves et privé ainsi les petites pêcheries locales. Elles incitent alors les locaux à se tourner vers des pêches de plus forte valeur ajoutée mais qui seront destinées à l’exportation vers des pays étrangers et non aux populations locales !
Un avenir durable ?
Plus de 70 espèces font aujourd’hui l’objet d’élevages aquacoles contre 17 en 1980 et les recherches continuent pour sélectionner toujours plus d’espèces rentables à l’élevage.
L’aquaculture française n’est pas en reste face autres pays car elle est aujourd’hui le premier producteur mondial de truite. En plein essor, on peut aussi citer l’élevage de l’esturgeon et d’espèces marines comme le bar et le turbot.
Tous les pays tentent de combler le déficit de la pêche par l’aquaculture mais l’envol de la production ne dévoile que des problèmes qui dans la plupart des cas sont déjà irréversibles.