http://moanaflies.free.frLA CARPE : LE PAISIBLE GOLIATH
LA CARPE A LA MOUCHE
La carpe est un poisson blanc au régime alimentaire varié. Elle se nourrit essentiellement d'invertébrés aquatiques et cela même lorsqu'elle atteint des mensurations imposantes. Cela donne la possibilité au pêcheur à la mouche de toucher des gros poissons à la défense extraordinaire avec des nymphes légères et discrètes.
Ce poisson se nourrit sur le fond et c'est à ce niveau que le pêcheur à la mouche rencontre les plus grosses difficultés.
Les nymphes doivent être manœuvrées à raz du fond ce qui implique que l'on ne peut pêcher la carpe que dans des zones peu profondes (moins de deux mètres d'eau).
Préférez les zones de moins d'un mètre d'eau et les bordures de plans d'eau où les grosses carpes n'hésitent pas à se rendre lorsque la nourriture s'y accumule (vent établi dans une même direction pendant plusieurs jours…).
La pêche des individus de petite taille, des poissons de 3 à 7Kg, permet de se faire la main avec des prises fréquentes et cela tout en utilisant du matériel très léger qui vous donnera des sensations inoubliables.
Au dessus de ces mensurations tout se complique et l'emploi d'un matériel spécifique s'impose, plus encore si vous pêchez des zones encombrées.
LA TECHNIQUE DE PECHE
LA PECHE EN NYMPHE A VUE
Comme tout pêcheur à la mouche qui se respecte, la perspective de toucher un poisson de plusieurs kilos sur un matériel fin avec une vue imprenable du poisson se saisissant du leurre que je lui destine me séduit au plus haut point. C'est uniquement grâce à cela que j'ai eut la persévérance de poursuivre ma quête jusqu'à la capture de ma première carpe au fouet.
Pour pêcher ce poisson à vue, tout est question de circonstances et de site. Pour avoir des chances sérieuses de piquer une belle, la seule solution qui se propose à vous est d'arpenter les berges des eaux proches de chez vous peuplées de cet animal jusqu'à repérer une zone où la ou les carpes se regroupent sous certaines conditions climatiques ou saisonnières.
Certaines zones (les herbiers en bordure de plan d'eau) sont hantées par des carpes affamées par l'hiver et le frai dès le mois d'avril et cela parfois jusqu'à fin mai au moindre rayon de soleil. Ces poissons visibles depuis le bord sont les plus enclins à faire preuve de bonne volonté avec vous.
Ces conditions ne sont pas les seules favorables : sur le lac d'irrigation à côté de chez moi, les jours de vent (quelle que soit la saison sauf en hiver) les carpes se regroupent sur la berge au vent (affouillée par les vaguelettes du clapot) et se mettent à se nourrir très activement et cela dans très peu d'eau. Il est fréquent de les voir marsouiner et gober même des objets non identifiés flottants en surface au milieu de débris végétaux.
Les conditions où les carpes se rendent disponibles pour vos mouches artificielles sont ainsi plus nombreuses que ce qu'il semble au premier abord.
Se placer dans ces conditions favorables vous évitera un découragement certain et vous permet d'avoir une chance réelle de prendre un beau poisson.
Vient ensuite la pêche de ce poisson. La technique est subtile : il vous faut présenter une nymphe discrète (mais pas trop pour que la carpe s'y intéresse sans en être effrayée) avec un bas de ligne fin (mais pas trop pour éviter une casse systématique au ferrage si vous descendez en dessous du 18/100).
Avec la méfiance de la carpe, vous avez compris qu'il faut savoir composer… La discrétion de votre approche est sanctionnée immédiatement en cas de défaillance par une fuite du poisson. La discrétion de votre lancer et de votre posé donne à la carpe son deuxième motif potentiel de fuite toutes nageoires dehors.
Si votre poisson est toujours là, que votre nymphe est posée à deux mètres de lui, une animation douce par petites tirées devrait maintenant suffire à le convaincre.
En effet, la carpe est vraiment curieuse et si elle n'a pas été alertée par votre action de pêche, approche et lancer, elle prendra volontiers ce bidule que vous lui proposez dans sa gueule (vous remarquerez qu'elle n'a pas de main pour s'en saisir).
LA PECHE A DEUX MOUCHES
Cette technique peut perturber l'éthique de certains mais personnellement ce n'est pas mon cas car la pêche à deux mouches ne signifie pas pour moi pêche avec un flotteur déguisé en mouche.
La mouche que vous allez voir et utiliser comme indicateur doit être pêchante : une nymphe de chironome émergente, une mouche de surface incitative (j'adore ces nymphes sans nom que je qualifie de « bidule », de « bonbon » et qui donne de belles prises en pêche à vue).
Ses propriétés flottantes conditionnent le lest de la nymphe de pointe (ou de fond si vous préférez).
Une longueur de 80cm en 18/100 entre les deux mouches permet une immersion rapide de cette nymphe de pointe. Cette longueur vous limite à pêcher les zones peu profondes (moins d'un mètre d'eau) mais au-delà, la perception des touches sur la sauteuse tient du miracle.
L'efficacité de cette technique est diabolique malgré le frein de la profondeur de la zone pêchée. La carpe dont vous avez une photo de la gueule ci-dessous a été capturée de cette manière, en pleine journée.
Les prises sur la nymphe de surface sont rares mais arrivent tout de même et cette technique vous permet de proposer à une carpe qui s'approche de vous,active près de la surface, une mouche dans le film superficiel alors que vous pêchiez l'instant d'avant par un mètre de fond. Le ferrage doit alors se faire comme lorsque l'on pêche la truite en sèche.
Dans le cas d'une touche sur la mouche de fond, le ferrage doit être immédiat à la moindre perception de mouvement de la sauteuse : tirée latérale, onde, plongée, vibration, etc. Si vous tardez trop à ferrer, la carpe aura recraché votre mouche et ne s'en intéressera probablement plus pour les minutes suivantes.
LA PECHE TACTILE
Cette pêche est difficile car elle impose de très bien connaître ses sites de pêche. Vous allez en effet pêcher en aveugle des poissons sur leurs tenues supposées. Les postes où vous pratiquez à vue sont souvent propices à la mise en œuvre de cette technique tactile.
Le bas de ligne est long et fin, abouté à une soie plongeante.
La nymphe peu lestée doit être ramenée en tricotant doucement la soie pour qu'elle rase le fond en une nage saccadée et lente.
Le lancer est effectué le long des berges en premier lieu avant d'être étendu en une prospection en éventail.
La touche est souvent lourde suivie d'un démarrage exceptionnel de nervosité et de durée…
Vous frôlerez, à n'en pas douter, la fracture du myocarde à chaque touche car elles sont tout bonnement effrayantes.
Les techniques d'animation pour les pêches tactiles.
LE MATERIEL NECESSAIRE
CANNE POUR SOIE 4/5 ET POISSON DE 9 LBS...
Pour s'attaquer à la carpe avec une canne à mouche, il vous faut vous rappeler que ce poisson est l'un des plus combatif de nos eaux. Si les leurres utilisés pourraient facilement être propulsés par une canne à truite, le combat est alors souvent trop incertain, même si les carpes de 5 à 11 livres capturées cette saison sur une canne pour soie 4 avec une pointe en 18/100, nous ont procuré plus de plaisir que de difficultés…
Pour pêcher des poissons de taille raisonnable, pour débuter dans cette technique, une canne à truite peut être une bonne base mais pour des pêches plus régulières et des captures de plus gros poissons, le meilleur compromis est alors une canne à mouche pour les pêches légères en réservoir : une canne de 9 à 10' pour soie de 6 à 7 est vraiment bien adaptée. Une canne plus puissante peut être nécessaire si vous avez des casses fréquentes dans des zones encombrées peuplées de grosses mémères mais vous privera d'une partie du plaisir.
Il est extrêmement plaisant d'établir des records de taille sur du matériel léger, une carpe de 7Kg sur une canne à truite va vous offrir au bas mot une demi-heure de combat en limite de casse tout le long…
LES LEURRES
Ce sujet est épineux car comme pour la pêche du mulet, même les mouches les plus réfléchies et celles en lesquelles on croit pouvoir compter ne permettent pas toujours d'obtenir des résultats. Les nymphes à carpes les plus efficaces se divisent en deux familles : les nymphes imitatives et les bidules qui marchent sans ressembler à rien…
Les nymphes imitant des larves de chironomes, des larves de phryganes ou d'éphémères marchent bien si elles sont employées avec des nylons fins. Les imitations d'écrevisses de petite taille et de gammares sont souvent excellentes bien que rarement employées par les quelques pêcheurs de carpe au fouet.
Les mouches incitatives, quant à elles, peuvent être de simples pompons de laine de couleurs différentes que l'on présentera aux carpes et amour vadrouillant sous la surface avec un bas de ligne d'une extrême discrétion. Des imitations de chironomes suspendus sous une bille de polystyrène ou de mousse néoprène, détournées et déformées peuvent devenir des mouches de premier choix sans que l'on puisse dire pourquoi…
Le choix le plus sûr reste la nymphe imitative de phrygane, peu lestée, sur hameçon courbe numéro 10. Un modèle de gammare lesté en complément et deux mouches incitatives que vous puissiez graisser pour pêcher à deux mouches et vous êtes équipés pour débuter en de bonnes conditions.
LES POSTES A PROSPECTER
La zone de prospection dépend essentiellement des conditions climatiques que vous allez rencontrer. Lorsque les carpes sont visibles, et c'est vraiment très fréquent pour qui sait observer et approcher en douceur, la question ne se pose même pas : pêcher à vue avec discrétion et sans chercher à brusquer la pêche. Préférez deux présentations de mouche judicieuses à trente hasardeuses.
Dans les autres cas, commencez toujours par pêcher les zones peu profondes de la berge au vent des plans d'eau et les arrivées d'eau (sauf en hiver où elles deviennent totalement improductives).
Les bordures d'herbier, les abords d'obstacles (gare aux casses !!!) sont autant de zones sur lesquelles il est nécessaire d'insister lourdement.
Lorsque vous pêchez un poste où vous déceler la présence des carpes, n'hésitez pas à le quitter pour y repasser une heure après car le bruit de la soie qui se pose quatre ou cinq fois de suite au même endroit suffit à coudre la bouche (pourtant énorme !) de toutes les carpes du secteur. Un passage après une heure passée ailleurs peu suffire à piquer un poisson tranquillement attablé.
DECOUVREZ LA PECHE EN NYMPHE LA PLUS MYSTERIEUSE ET LA PLUS EXTREME !!!
La pêche de la carpe en nymphe est une technique en plein essor qui peut être pratiquée efficacement pour peu que l'on sache dans quelles grandes directions s'orienter.
Dans cette technique plus que dans toutes les autres pêches au fouet, la discrétion, la finesse, l'observation sont des atouts primordiaux.
La carpe est un poisson d'une grande méfiance qui laisse peu de signes de sa présence aux pêcheurs qui bien souvent la « bouscule » par une approche trop brusque.
Une fois la présence du poisson confirmée, la capture de ce poisson à la force incomparable n'est plus du tout aussi hasardeuse que ce que l'on pourrait penser au premier abord.
Si vous aimez les sensations fortes d'un combat long et incertain avec un poisson sauvage, cette pêche est le meilleur moyen de vous faire plaisir en eau douce et en France métropolitaine.
Sujet: TECHNIQUES DE PECHE - LA PECHE DE LA CARPE AU FOUET 
Dim 15 Juin 2014 - 17:04
