C'était en 2005; j'avais décidé de faire une virée à St Béat, en Haute-Garonne, c'est "La Mecque" des pêcheurs au toc;de grands parcours variés, beaucoup de plages et de lisses; pas un seul no-kill, le rêve quoi! (et pas de moucheurs, ceux ci sont "persona non grata" dans ce coin, depuis qu'ils ont essayé de mettre un no-kill de 8 km......sans succès!)
Le matin il faisait lourd, et je pêchais à la mouche noire; puis , devant l'insuccès, me mettais au "vairon plombé horizontal" une tactique pour décider les mémères en fond de courant; c'est un petit vairon enfilé sur un N°4 en faisant une clé de blocage au niveau des ouïes(on passe l'hameçon dans une ouïe, faire 2 fois le tour de la tête et re-passer le crochet dans l'autre ouïe et sortir au dos et ensuite serrer la double clé, c'est un très grand pêcheur de Lourdes qui m'a enseigné ça) et on plombe avec une chevrotine N°00 en tête; on peut l'utiliser avec une canne au toc FI, pas d'anglaise c'est trop souple.
Donc j'attaquais en tête de plage en biais, laissant virevolter ma rabote dans les courants, bien au fond; et Bang!! une touche à m'arracher la canne des mains.....et j'en amenais une de taille modeste -26cm- au panier. Je continuais en fond de plage, rien.Bon! qu'a celà ne tienne, on attaque plus haut!
Eh ben! que dalle! elles en veulent pas! la Confédération Générale des Truites du Comminges à donné ordre de grève!!!
Approche midi et c'est la pause déjeuner.J'étais garé à l'ombre d'un immense chêne et 2 autre voitures aussi; je me mets à table et surviennent 2 autre pêcheurs du coin, "et alara, a marcha???" "sou mati, val pas rés aquo!" répondis-je; une bouteille de pastis sortit et j'eus droit à ma part,
avec force questions sur la capote de ce matin pour eux.
Même émoustillé par le pastaga; je repartais à l'attaque mais plus haut, dans les remous, qui lo sa? Bonne pioche! ma première dérive fut suivie d'une attaque prompte et une mémère de 33cm allait au panier! mais je remarquais aussi que le temps s'assombrissait et gardais un oeil sur les montagnes, en cas ........
une 1/2 heure après un grondement sourd m'alerta;
Oh! P..... vlà que ça se gâte! encore un coup de ligne et; regardant la montagne à gauche; la Dent du Loup avait mis son chapeau! noyée dans un amas de nuées de mauvais augure......Je pliais en vitesse quand un autre grondement retentit; Eh!m.... derrière moi surgit un pêcheur qui me salua et me dit "faut pas moisir ici dans 10mn c'est sur nous ; çui là y va péter!" alors nous reprîmes le chemin du retour et aperçûmes un gars qui pêchait "à la barre" (très longue canne sans moulinet, 7 à 8m) et nous le hélâmes; il entendait pas et je lançais des galets autour de lui; il se retourna; furieux et nous lui fîmes comprendre avec force gestes de "se tirer de là et fissa!!" il nous fit un signe comme "j'mens fous"! bon; ça grondait assez fort maintenant et le ciel était gris noir.
"il est fou celui-là" que me dit mon comparse; "tu vas voir tout à l'heure"
Arrivés aux voitures je me défaguais en vitesse, pliai tout en vrac dans le coffre, mon voisin aussi; les autre étaient déjà partis; et je m'installais au volant; au moment où je tournais la clé de contact..............Craac!!!Baoum!!! un p....d'éclair en face et j'ai bien vu qu'il frappait le long de la Garonne!!!! à peu près au niveau de la grande plage! Oh! ma Doué .....! le mec qui y était.....la voiture démarra et au même moment un déluge tomba! je me dégageais en vitesse de dessous l'arbre et en patinant un peu sur l'herbe mouillée je décampais en vitesse!
Le déluge continuait de plus belle et je m'arrêtais au café où je retrouvais mon gars. Un pastaga pour nous remettre un peu; et je lui parlais de ce que j'avais vu.
il pensait aussi à ce fou imprudent....
Lundi matin; boulot; et mon chef qui m'appelle: "oh! le Breton! t'étais pas à la pêche ce samedi?"
"si!" "mais où?"
"à St Béat"
et il me sort le journal,à la page: " UN PECHEUR FOUDROYE A St BEAT"
je vis les photos et reconnus sans peine l'endroit!!
c'était ça l'éclair que j'avais vu! une dame d'une maison avoisinante avait aussi vu la scène et le corps avait dérivé jusqu'au barrage de rochers et était resté bloqué, elle avait alors appelé les pompiers.Le corps était intact mais les vêtements lacérés et le wader aussi; pas trace de la canne! (volatilisée?) il avait 32 ans et était de Toulouse.