suite:Silure la vérité.
*Il a sa place dans nos eaux libres.
L'ennui, c'est que les connaissances sur le "Silure français", et sur les conséquences de son développement, sont encore très restreintes.
Personne par exemple, ne peut dire avec certitude comment il est arrivé dans nos eaux, et surtout pourquoi il s'est brusquement développé au cours des années 80, dans la Seille et la Saône, et aujourd'hui dans le Rhône.
*Pour le savoir avec précision, répond le professeur Caillère, il aurait fallu faire des études précises", au moment où le "phénomène" s'est déclanché.
Et, aujourd'hui encore, on ne sait pas qu'elle est son influence sur les autres population des poissons.
Faute d'un "état des lieux précis" avant l'arrivée du silure, qui permettrait aujourd'hui d'effectuer des comparaisons. Seule certitude: la variété du peuplement est restée la même.
C'est à dire que l'arrivée d'un nouveau prédateur ne s'est traduite par aucune disparition de poisson.
Si l'on s'en tient à son régime alimentaire, le silure ne doit pas entrer en concurence directe avec les autres carnassiers qui peuplent nos eaux: il mange en effet beaucoup de poissons chat et de brèmes, auxquels brochets, perches et sandres, ne touchent pratiquement jamais.
Sur le terrain, les observations effectuées par les pêcheurs (à la ligne, ou professionnels au filet) montrent d'ailleurs que sandres et brochets sont toujours bien présents dans la Saône et la Seille.
Sur le plan de la prédation, pas de gros problèmes non plus: poissons chat, brèmes et gardons qui figurent régulièrement au menu du silure, ne sont pratiquement plus pêchés, et se développent, par fois de façon inquiétante, dans la plupart de nos cours d'eau.
Et dans le Val de Saône, tout le monde vous le dira, ils sont encore bien loin de l'extinction.
Pour les écrevisses américaines en revanche, le doute est permis: leurs populations diminuent dans la Saône, reconnaît le professeur Caillère, mais je crois que c'est essentiellement sous l'effet des dragages et des aménagements de berges.
Car, dans la Seille par exemple où l'on trouve tout autant de silures, nous n'avons remarqués aucune diminution chez l'écrevisse.
Globalement nos observations montrent que le silure a trouvé sa place dans nos eaux courantes".
*Pas de risque de prolifération.
Mais Robert Dubriont, président de la fédération de Saône et Loire, se dit aussi "anxieux de l'éventuelle prolifération" du silure.
Il est vrai qu'en cinq ou six ans, ses populations ont connu un accroissement considérable, comme en témoigne les captures, à la ligne ou au filet, qui deviennent chaque année plus nombreuses.
Mais pour le professeur Caillère, les risques de prolifération en rivière paraissent bien réduits.
Même en l'absence de prédateur.
De leur côté, les pêcheurs locaux ne se posent apparemment pas autant
de questions.
Ils sont en effet de plus en plus nombreux à rechercher spécifiquement le
silure: en été, on assiste à de véritables concentration de pêcheurs sur la Seille, tôt le matin et tard le soir, qui sont de toute évidence les périodes les plus propices.
Chez les marchands d'articles de pêche de la région, on reconnaît également que le "phénomène Silure" prend une place de plus en plus importante.""Ce sont des assidus, de véritables passionnés", comme Jacky Gréset, de Chalon-sursSaône.
Et depuis un an ou deux, on vient spécialement de plus en plus loin s'attaquer à ces énormmes poissons essentiellement de Paris, et des grandes villes des environs".
*Un formidable poisson de sport.
Logique, après tout: avec les poids qu'il atteint et la puissance qu'il déploie
lorsqu'il est piqué à l'hameçon,le Silure est de loin le plus beau poisson de sport que nous possédions aujourd'hui dans nos eaux.
Pratiquement dans tous les grands cours d'eau de seconde catégorie, où l'on s'inquiète aujourd'hui de la prolifération des brèmes et des poissons blancs en général, il peut permettre de "valoriser" des espèces qui n'intéressent plus grand monde.
Et peut surtout vous donnez le plaisir de tenir une bête de 30 kilos ou plus, qui va se battre pendant plus d'une heure et remorquer votre embarcation sur plusieurs centaines de mètres... Comment résister à pareille tentation?
Mais attention "il ne faut pas croire pour autant qu'il représente la panacée, averti Michel Holl, du Conseil Supérieur de la Pêche.
Il ne va pas supprimer les brèmes dont on ne sait aujourd'hui que faire.
Pour améliorer la situation dans nos cours d'eau, il faut plutôt corriger le milieu en travaillant les populations, en quantité , et traiter les pollutions.
Pour le cas du silure, il faut aussi tenir compte de la demande des pêcheurs, qui veulent des gros poissons, mais il faut rester prudent.
Prenons par exemple le sandre:j'affirme qu'il ne s'agi ni d'un échec ni d'une réussite.
Mais il faut bien reconnaître que l'on trouve aujourd'hui de moins en moins
de brochets dans les eaux libres: il est sûr que ce sont les aménagements
de rivières et de fleuves qui ont conduit à sa disparition, mais je suis persuadé que le sandre a empêché que l'on fasse bien attention, et que l'on prenne toutes les mesures qui s'imposaient pour sauver le brochet qui n'a plus aujourd'hui de zones de reproduction."
Pour le professeur Caillère, le silure est "un poisson bien adapté aux plans d'eau et aux cours d'eau de la zone à brème et théoriquement, il ne nuit pas aux autres carnassiers.
En rivière, les risques d'une éventuelle prolifération paraissent également très réduits pour le tourisme".... mais pas question pour autant, d'aller" mettre du silure partout".
Du moins, pas tant que les mystères de son comportement et de son influence à long terme sur les autres espèces, ne sont pas comme connues avec précision: "La question est posée, j'attends que les Pouvoirs
publics me donnent les fonds nécessaires", conclut le professeur Caillère.
Dans l'immédiat, nous devons donc nous contenter des populations existantes..Mais ce n'est pas déjà si mal !
Dans la Loire, par exemple, le nombre de captures ne cessent d'augmenter: il s'agit encore de poissons de taille modestes (une dizaine de kilos en moyenne) mais ils risquent maintenant de grossir assez vite.
Et de toutes façons, la Seille, la Saône et le Rhône à l'aval de Lyon, sont suffisemment bien peuplés pour qu'on leur consacre quelques jours de pêche, au printemps ou à l'automne.
Avec, à la clef, la possibilité de piquer l'un des "monstres" de 60 kg et plus
qui, aux dires des riverains, peuplent aujourd'hui toutes les fosses profondes de la Saône...
Que demander mieux !
PS: je ne sais pas si vous aviez remarqués, mais à l'époque on essayait de s'occuper de la moindre pollution
Quand à présent
kim