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Et elle entend ne pas y déroger.Ainsi, se lève t- elle aux aurores, déjeune au zénith, et dîne au crépuscule. Puis, souhaitant digérer son repas en toute quiétude, elle rentre dans son home discret au charme cossu.
Elle sait pertinemment que la curiosité est un vilain défaut, aussi considère t- elle, une fois chez elle, que les malotrus bigarrés, bruyants, et bizarres qui passent dans la rue, pardon le ru, ne méritent, en aucune façon, son attention. Inutile donc, quand elle est à demeure, de la démarcher au dernier poisson nageur high-tech, qui lui roule des billes mécaniques, de tenter de lui refiler vos bouts de plastique aux couleurs improbables, qu’en bien même seraient-ils délicatement parfumés au hareng crevé ou viscères de chacal à l’ail, et de lui proposer des cuillères plus ou moins tournantes, ondulantes, fussent-elles en argent : elle ne mange pas de ce pain là !
Au mieux, elle traitera tout votre bazar de foire, par le mépris. Au pire, aura t- elle peur, croyant que vous en voulez à sa vertu ! Et là, point de salut : son toit caillouteux clos, son lit enraciné refermé, ses volets de mousse verrouillés à double tour. C’est mort, cuit, râpé pour la journée, elle en oubliera même d’aller manger. Car la truite est peureuse, c’est là, son moindre défaut.
Mais si vous forcez sa porte, à coup de tête plombée (à 3,5grs), prenez garde à son courroux ! Cette Salmonidé acculée, défendra son honneur, avec vélocité. Elle mordra, rageusement l’adversaire, tel un pitbull, le secouera, le tirera tout azimut. Vous la trouviez délicate, fragile, timide à l’extrême ? Comment une si jolie petite frimousse cacherait- elle une mâchoire aussi ferme, une telle combativité ? Vous l’aviez sous estimée ? Du coup, votre nœud n’était pas assez serré, votre fil pas assez tendu, son diamètre pas assez élevé, le leurre pas assez engamé, vous n’étiez pas assez prêt, vous n’avez pas assez ferré ? Pleurez ! Les bras balans, vous regardez à présent, pauvre nigaud, votre canne dépouillée de son appât. Madame la mouchetée, l’arborera, désormais fièrement, en nouveau piercing, au coin des lèvres, comme prise de guerre. Vous la cherchiez, vous l’avez trouvée !
Par contre, si vous avez la chance d’arriver au moment de son repas, ne cherchez pas à l’attirer par un de ces trucs à la mode fuchsia fluo clignotant, émettant en ultra-son, la dernière version de « The Voice » en rap, en forme « d’Iron Man » aguichant. Vous perdrez votre temps, et probablement votre leurre hors de prix, dans un herbier, avant de l’avoir intéressée. Dame Fario se moque de ce qui en vogue. Elle a des valeurs traditionalistes Son appétit n’est aiguisé que par la nourriture de son terroir. L’exotisme, l’originalité, très peu pour elle.
Mais proposez le plutôt, à sa cousine, la sotte, Arc en ciel. Celle là, fait feu de tout bois, ou croc de toute eau. Elle n’a aucun goût, aucun savoir vivre. Las, ce n’est pas sa faute : enfance malheureuse, mal élevée dans une bassine surpeuplée, sans origine, sans racine, sans domicile fixe, elle erre, continuellement affamée et querelleuse, prête à en découdre avec tout ce qui bouge. Son agressivité lui vaudra de ne pas faire de vieux os, et la pure souche, sachant cela, la côtoie avec indifférence, ne voyant aucune parenté entre sa noblesse de caractère et cette vulgaire graine de délinquante. On ne mélange pas torchon et serviette !